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Portrait de santé 2025 dans le Nord-du-Québec : un appel à l’action collective face aux défis et aux forces du territoire

Hind Dekkar
Deux personnes qui marchent
Publié le 13 novembre 2025 par Hind DekkarPhoto : Pexels

Le Portrait de santé 2025 du Nord-du-Québec, publié par la Direction régionale de santé publique et le Centre régional de santé et de services sociaux (CRSSS) de la Baie-James, dresse un bilan contrasté mais mobilisateur de l’état de santé des communautés nordiques. À la croisée des enjeux démographiques, sociaux et sanitaires, ce document appelle à une mobilisation intersectorielle pour transformer les constats en leviers d’action.

Des indicateurs sociaux porteurs de résilience

Parmi les éléments positifs, le portrait souligne un niveau de stress quotidien plus faible que la moyenne québécoise. Le sentiment d’appartenance à la communauté et le faible degré de solitude sont également des marqueurs forts de cohésion sociale. « Ce sont des facteurs qui nous permettent de mieux travailler avec les communautés et leurs représentants pour améliorer les conditions de vie », explique le Dr Éric Goyer, directeur de santé publique du Nord-du-Québec.

L’espérance de vie a augmenté de quatre ans au cours des dernières années, et près de 90 % des résidents ont accès à un fournisseur de soins. La couverture vaccinale demeure élevée, tout comme la participation aux programmes de dépistage du cancer du sein et du cancer colorectal.

Vieillissement et déclin démographique : une équation complexe

Cependant, la région fait face à une décroissance démographique continue. En effet, la population est passée de plus de 16 000 habitants il y a vingt ans à environ 13 500 en 2021. D’ici 2041, les personnes âgées de 65 ans et plus pourraient représenter près du quart des résidents. selon le Dr Goyer, « ce vieillissement marqué nous oblige à adapter nos milieux de vie, nos villes, nos services pour qu’ils soient plus accueillants et sécuritaires pour les aînés. »

Ce déclin, combiné à une forte mobilité des travailleurs (modèle fly-in fly-out), fragilise le tissu social et complique la planification des services. L’immigration, bien qu’en croissance, soulève des enjeux d’intégration dans ce contexte instable.

Santé physique et mentale : des signaux préoccupants

Malgré des conditions socioéconomiques globalement favorables, des inégalités persistent en matière de revenu, de logement et de scolarisation. Le portrait révèle des taux élevés de maladies chroniques (cardiopathies ischémiques, maladies respiratoires) et une espérance de vie toujours inférieure à la moyenne provinciale.

De plus, les comportements de santé observés sont préoccupants : manque d’activité physique, surpoids, consommation excessive d’alcool, usage accru de drogues et de médicaments opioïdes. Ces facteurs de risque s’accompagnent d’une détérioration notable de la santé mentale, particulièrement chez les jeunes du secondaire. Depuis la pandémie, les cas de dépression et d’anxiété ont fortement augmenté dans cette tranche d’âge. Par ailleurs, la polytoxicomanie et la cyberintimidation sont en nette progression. Dans ce contexte, le rôle de l’éducation apparaît central. « Une population plus instruite tend à adopter des comportements de santé plus favorables et à consulter davantage les professionnels », souligne le Dr Éric Goyer.

Du portrait aux actions : une stratégie multisectorielle

Pour éviter que ce portrait ne reste théorique, la Direction de santé publique mène une tournée des décideurs à savoir, réseau de santé, milieux scolaires, organismes communautaires, ministères et cela afin de partager les constats et définir des priorités d’action. Rappelons que le CRSSS de la Baie-James poursuit ses efforts avec l’ensemble des partenaires pour améliorer les services et le bien-être des communautés jamésiennes. Des présentations sont prévues pour diffuser le contenu du portrait et engager les acteurs locaux.