
Municipales 2025 : reconduit par acclamation, Guy Lafrenière veut aller plus loin pour Lebel-sur-Quévillon

Réélu par acclamation en octobre 2025, Guy Lafrenière entame un second mandat à la tête de la municipalité de Lebel-sur-Quévillon. Reconduit sans opposition, tout comme l’ensemble de son conseil municipal.
Denis Lemoyne, conseiller sortant au poste no 1, conserve son siège. Line Gagnon, élue au poste no 2, fait son entrée au conseil. Julie Rivard, au poste no 3, rejoint également l’équipe municipale. Charles Goyer, conseiller sortant au poste no 4, est reconduit. Marc Blain, conseiller sortant au poste no 5, poursuit son mandat. Violaine Audet, conseillère sortante au poste no 6, demeure en poste.
Le maire voit dans cette confiance renouvelée une responsabilité accrue, celle de poursuivre les chantiers entamés, de renforcer la résilience de la ville face aux changements climatiques et de stimuler une diversification économique encore fragile. Mais il y voit aussi un signal d’alarme démocratique, appelant à raviver l’engagement citoyen.
Infrastructures : entre mémoire et modernisation
Le premier mandat de M. Lafrenière a été marqué par des investissements structurants : réfection de la rue Principale Nord, création de parcs et d’aires de jeux, remplacement du château d’eau. Pour les quatre prochaines années, la priorité est d'entretenir et moderniser les infrastructures existantes. « C’est beau de développer une ville, mais il faut prioriser l’entretien », affirme-t-il, évoquant notamment la rénovation du centre communautaire et la remise à niveau du terrain de baseball, laissés en plan depuis trop longtemps.
Climat : une stratégie végétale contre les incendies
Les feux de forêt de 2023 ont laissé une empreinte durable sur le territoire et les esprits. Face à cette réalité, la Ville amorce une transition écologique inédite : remplacer les résineux, hautement inflammables, par des feuillus autour des zones habitées. Le maire prévoit une première phase de plantation en 2026. Cette stratégie de résilience vise à atténuer les risques d’incendie, dans un contexte où les épisodes extrêmes deviennent plus fréquents.
Bois brûlé : transformer la catastrophe en opportunité
Avec des millions de mètres cubes de bois calciné sur son territoire, Lebel-sur-Quévillon explore une voie innovante, celle de la pyrolyse. En partenariat avec un investisseur privé, la municipalité travaille à la mise en place d’un projet industriel capable de valoriser cette ressource en énergie ou en produits chimiques. « Si on attend, dans 50 ans, ce bois sera inutilisable », prévient M. Lafrenière, déterminé à transformer les séquelles des incendies en levier de développement.
Économie : miser sur la complémentarité des secteurs
L’économie locale repose encore largement sur l’usine de pâte Nordic Kraft, que le maire souhaite consolider. Mais la diversification est désormais une nécessité. En parallèle du projet de pyrolyse, la Ville mise sur le développement de la mine Windfall, portée par Gold Fields. Un bâtiment industriel inachevé pourrait devenir un centre opérationnel stratégique, avec des retombées économiques et sociales majeures.
Centre-ville : un pôle de vie accessible et inclusif
Pour améliorer la qualité de vie et attirer de nouvelles familles, la municipalité table sur un aménagement cohérent du centre-ville. « Toutes nos activités sont centrées au centre-ville : le centre communautaire, les jeux d’eau, le terrain de baseball… On veut y ajouter un parc de skate », détaille le maire. Cette centralisation à pour objectif de favoriser l’accessibilité, notamment pour les personnes âgées, les citoyens à mobilité réduite et les nouveaux arrivants sans véhicule.
Financement : un plaidoyer pour les petites municipalités
Les ambitions de la Ville se heurtent toutefois à une réalité budgétaire contraignante. La rénovation du centre communautaire, estimée à 5 millions de dollars pour l’enveloppe extérieure, illustre l’ampleur des défis. « À ce rythme, il me faudrait 20 ans pour amasser cette somme avec les finances municipales », reconnaît M. Lafrenière. Il plaide pour un meilleur accès aux fonds publics, notamment ceux du gouvernement du Québec et des administrations régionales, tel que la Société du Plan Nord (SPN), qu'il considère comme un levier essentiel pour les communautés situées au nord du 49e parallèle, ainsi que sur une relance du dialogue avec le gouvernement fédéral. « En quatre ans, je n’ai jamais eu de contact avec Ottawa. J’ai demandé une rencontre avec notre députée, Mme Mandy Gull-Masty, pour novembre », indique-t-il.
Cependant, le maire déplore les obstacles auxquels font face les petites municipalités comme la sienne. « Quand Québec annonce des financements pour les infrastructures, il faut être prêt à déposer rapidement. Mais nous, on n’a pas d’ingénieurs, pas d’équipe technique. C’est nous-mêmes qui faisons les études préalables ainsi que les démarches », souligne-t-il.
Vers une meilleure équité dans les redevances
Autre cheval de bataille : la redistribution des redevances minières et forestières. « Certaines régions qui refusent les mines touchent quand même les redevances. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas », dénonce M. Lafrenière, qui préconise une réforme plus équitable, au bénéfice des villes ressources comme Lebel-sur-Quévillon ou Matagami.
La réélection sans opposition de l’ensemble du conseil municipal soulève des questions sur la vitalité démocratique. Pour y répondre, la Ville prévoit de rouvrir ses sous-comités à la participation citoyenne dès l’automne. Urbanisme, culture, développement économique, les citoyens seront invités à s’impliquer activement. « Il faut ramener l’intérêt des gens pour les affaires municipales », insiste le maire, convaincu que la démocratie locale se nourrit d’engagement et de proximité.




