
De la Convention de la Baie-James à la Paix des Braves : l’aérodrome de Nemaska concrétise les partenariats

L’ouverture au public du premier aérodrome d’Hydro-Québec à Nemaska, annoncée le 17 novembre 2025, marque une étape majeure pour le développement économique du Nord québécois. Ce projet rendu possible grâce à la collaboration de la Société de développement de la Baie-James (SDBJ), de la Société de développement crie (SDC) et d'Hydro-Québec, vise à améliorer la mobilité des travailleurs et des visiteurs tout en générant des retombées directes pour la communauté locale et régionale. Le député d’Ungava, Denis Lamothe, souligne la portée de cette réalisation : « C’est un bel exemple de partenariat entre le gouvernement du Québec et les institutions cries », affirme-t-il.
Une gestion locale et des emplois durables
La mise en service de l’aérodrome a conduit à la création de Nikaanch, une corporation issue du partenariat entre Aakutaah et la communauté crie de Nemaska. Celle-ci assure désormais la gestion autonome de l’infrastructure, avec 32 emplois à la clé. « C’est très louable, autant pour le gouvernement du Québec que pour la communauté de Nemaska », insiste M. Lamothe.
Pour Emil Tagho, vice-président aux infrastructures auprès de la Société de développement de la Baie-James (SDBJ), l’impact est tangible : « Aujourd’hui, c’est environ 14 postes permanents qui sont créés, dont près de 80 % occupés par des membres de la communauté de Nemaska. C’est un développement structurel, car la communauté développe des compétences dans un domaine spécifique, celui de la gestion aéroportuaire », explique-t-il. Au total, la gestion des quatre aérodromes d’Hydro-Québec par Aakutaah représente une quarantaine d’emplois, consolidant un réseau régional de transport aérien.
Retombées économiques et perspectives
Au-delà de la création d’emplois, l’aérodrome de Nemaska constitue le point de départ d’un véritable écosystème économique local. La Société de développement de la Baie-James (SDBJ), en collaboration avec la communauté crie, prévoit d’y développer plusieurs activités complémentaires, allant de la vente de carburant pour l’aviation générale à la location de véhicules et de stationnements, en passant par la mise en place d’une offre touristique comprenant boutiques et services destinés aux voyageurs. Selon Emil Tagho, « plus il y aura d’achalandage, plus d’activités économiques parallèles vont pouvoir se développer », illustrant ainsi le potentiel de croissance que représente cette nouvelle infrastructure pour la région.
De plus, l’aérodrome de Nemaska s’ajoute au réseau déjà géré par la SDBJ et ses partenaires. La prochaine étape annoncée concerne l’aéroport LG-4, dont l’ouverture au public est prévue en 2026.
Une vision inscrite dans les accords fondateurs
Ce projet s’inscrit dans la continuité de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (1975), véritable charte des droits des Cris, dont le chapitre 28 prévoit la création de partenariats et d’entreprises conjointes pour favoriser l’autonomie économique des communautés autochtones. L’article 10 de la Paix des Braves (2002) réaffirme cette orientation en encourageant les projets structurants pour les Cris et les Jamésiens.
« C’est la matérialisation de ce qui était prévu par les pères fondateurs. On le constate aujourd’hui au travers des corporations comme Aakutaah ou Nikaanch, qui suscitent le développement au sein des communautés », souligne M. Tagho.
En intégrant les communautés locales à la gestion et à l’exploitation des infrastructures, ce modèle de développement économique inclusif crée des emplois durables et favorise l’émergence d’activités connexes. Il concrétise les principes inscrits dans la Convention de la Baie-James et la Paix des Braves, deux accords fondateurs qui visent à renforcer l’autonomie et la vitalité des communautés autochtones du Nord québécois.




