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Vers une sylviculture durable et territorialisée : un appel à projets pour relever les défis forestiers

Hind Dekkar
Forêt
Publié le 23 juillet 2025 par Hind DekkarFreepik


Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) du Québec a lancé le 10 juillet 2025, son cinquième appel à projets de recherche visant à soutenir l’aménagement durable des forêts et à approfondir les connaissances scientifiques dans ce secteur stratégique. Une enveloppe de 1,5 million de dollars est allouée pour financer des projets portés par des chercheurs universitaires et des centres collégiaux de transfert de technologies (CCTT), avec des retombées attendues dans plusieurs régions forestières, notamment dans le Nord-du-Québec.

Une recherche ciblée, collaborative et territorialisée

L’appel à projets vise à favoriser la collaboration entre chercheurs québécois issus de disciplines variées, afin de répondre aux besoins prioritaires du MRNF. « L’objectif du financement de la recherche externe dans l'aménagement durable des forêts, c'est d'inciter surtout les collaborations entre les chercheurs et les chercheuses qui œuvrent au Québec », souligne Martin Seto, directeur de la recherche forestière au MRNF.

Les projets devront s’aligner sur les enjeux identifiés au cours de la dernière année, tout en tenant compte des travaux déjà en cours et des autres sources de financement disponibles. Cette approche permet d’adapter la recherche aux réalités régionales, comme celles du Nord-du-Québec, où les défis liés à l’accessibilité, à la mécanisation et à la résilience des écosystèmes boréaux sont particulièrement marqués.

Quatre axes de recherche pour répondre aux défis forestiers

Le programme 2025-2026 s’articule autour de quatre grands axes thématiques :

  • Socio-économique : acceptabilité sociale, besoins industriels, coûts d’approvisionnement, main-d’œuvre et mécanisation. Ces enjeux sont particulièrement pertinents dans les régions éloignées comme le Nord-du-Québec, où les distances et les infrastructures influencent fortement les coûts et les opérations forestières.
  • Changements globaux : impacts des changements climatiques, résilience des forêts, séquestration du carbone.
  • Génétique et production : amélioration de la diversité génétique, production de semences et de plants forestiers adaptés.
  • Aménagement forestier et sylviculture : couvrant la régénération, les plantations, la modélisation des ressources, la gestion des ravageurs et incendies, ainsi que la préservation de la biodiversité.

Quelles retombées concrètes pour le Québec et ses régions forestières ?

Les projets devront démontrer des bénéfices environnementaux, sociaux et économiques pour le gouvernement, ses partenaires et la population. « Cela pourrait être des pratiques sylvicoles qui permettent une meilleure rentabilité financière des opérations forestières », explique monsieur Seto. Il cite également des recherches sur la vulnérabilité des forêts face aux changements climatiques ou sur des stratégies pour limiter les pertes causées par les insectes ravageurs.

Dans le Nord-du-Québec, ces retombées pourraient se traduire par une meilleure planification des opérations forestières, et une valorisation des ressources locales dans un contexte de développement durable.

Les projets joueront aussi un rôle académique important. « Il y a des étudiants qui vont utiliser ces projets pour obtenir des maîtrises et des doctorats », ajoute monsieur Seto. Ces travaux seront diffusés dans des colloques, congrès et publications scientifiques.

Afin de mieux tenir compte des contraintes propres aux milieux de recherche, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts a prévu un processus de sélection en deux étapes. Les chercheurs devront d’abord soumettre une lettre d’intention au plus tard le 22 septembre 2025, les projets jugés pertinents à cette première étape seront ensuite invités à déposer une proposition détaillée d’ici le 11 décembre 2025. Les résultats finaux seront annoncés au printemps 2026. Chaque projet pourra recevoir jusqu’à 300 000 $ pour une durée de un à trois ans.

Rappelons que depuis 2019, le MRNF a investi plus de 18,63 millions de dollars dans des projets de recherche externe. « Parmi les 67 projets financés depuis 2019, plus des deux tiers comportaient une composante liée à la lutte contre les changements climatiques », précise Martin Seto. L’appel actuel inclut d’ailleurs un volet sur la séquestration du carbone en forêt, un enjeu particulièrement pertinent pour les vastes territoires forestiers du Nord-du-Québec, qui jouent un rôle important dans la régulation du carbone à l’échelle provinciale.