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Recherche minière en Eeyou Istchee Baie-James : un projet novateur pour identifier les minéraux critiques et stratégiques

Hind Dekkar
Minéraux critiques
Publié le 10 décembre 2025 par Hind DekkarPhoto : Unsplash


Le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James, recèle un potentiel géologique considérable. Longtemps perçu comme une « nouvelle frontière » minière, il attire aujourd’hui l’attention des chercheurs et des décideurs en raison de la richesse de son sous-sol.

À l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), le professeur Dominique Genna dirige un projet de recherche en métallogénie visant à mieux classifier les gisements grâce à la chimie minérale. Soutenu par un financement de 381 000 $ du ministère des Ressources naturelles et des Forêts, ce programme ambitionne de révéler la valeur stratégique des minéraux critiques présents dans la région. « Les métaux comme le cuivre, le gallium ou le tellure jouent un rôle central dans la fabrication des batteries, des éoliennes et des technologies vertes », souligne Dominique Genna. Identifier ces ressources dès leur stade de formation permet d’optimiser les stratégies d’exploration et de réduire les impacts environnementaux.

La chimie minérale comme révélateur

En étudiant les sulfures (pyrite, chalcopyrite, etc.), capables d’incorporer des éléments traces, les chercheurs utilisent la spectrométrie de masse par ablation laser (ICP-MS laser), pour détecter des signatures chimiques infimes. « Ces signatures agissent comme des empreintes digitales. Elles permettent de mieux caractériser les processus de formation des gisements », explique le professeur.

Un territoire stratégique pour le Québec

La Baie-James se distingue par la diversité de ses sols. Les chercheurs commenceront par des gisements connus, comme l’ancienne mine Troilus, avant d’étendre leurs travaux à des zones encore peu étudiées. « Nous allons travailler sur l’ensemble des gisements contenant des sulfures pour lesquels des estimés de ressources existent », précise M. Genna.

Au-delà de la recherche, les résultats pourraient influencer les politiques publiques du Québec en matière de minéraux critiques. Une classification métallogénique précise permet d’adapter les méthodes d’exploration selon la nature des gisements (or, cuivre, zinc, etc.). Cela optimise les stratégies, réduit les coûts et limite l’impact environnemental. « Savoir à un stade précoce à quelle famille appartient un gisement change radicalement la manière dont on explore un territoire », ajoute Dominique Genna.

Le projet réunit des chercheurs, des acteurs industriels et des instances publiques, en collaboration avec Troilus Gold et l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il s’inscrit également dans une démarche de formation, en intégrant des étudiants aux travaux afin de préparer une nouvelle génération de spécialistes hautement qualifiés.