Logo Aurore

Réforme forestière abandonnée : l’opposition dénonce un échec coûteux et appelle à une refonte concertée

Hind Dekkar
Industrie forestière
Publié le 2 octobre 2025 par Hind DekkarActivités forestières à Matagami / Photo : Ville de Matagami


Le gouvernement du Québec a abandonné sa réforme du secteur forestier, une décision que l'opposition approuve, mais qui soulève des questions importantes quant à la gestion du dossier et ses impacts sur les régions.

Selon M. André Fortin, député et porte-parole de l'opposition officielle en matière de forêts, l'abandon du projet était "la seule option viable", mais il intervient après des années d'hésitations et de discussions infructueuses. « L'obstination et le manque d'ouverture du gouvernement ont causé des pertes d'emplois considérables », a-t-il souligné.

Les conséquences de cette réforme se font déjà sentir dans plusieurs régions forestières, une usine à Maniwaki est sur le point de fermer, laissant plus de 120 personnes sans emploi : « C'est un coup dur pour toute la communauté », déplore le porte-parole. Des fermetures similaires, temporaires ou permanentes, ont été observées au Saguenay-Lac-Saint-Jean et en Abitibi-Témiscamingue.

Bien que ces pertes ne soient pas uniquement dues à la réforme forestière, les taxes douanières et la demande mondiale jouent également un rôle, l'incertitude réglementaire rend le secteur encore plus vulnérable. « Nous avons perdu du temps précieux avec un projet de loi mal conçu et condamné à l'échec dès le départ,» a affirmé le député.

Vers un nouveau système : nécessité et prudence

Le Parti libéral du Québec demande désormais une refonte complète du système forestier, basée sur la collaboration. « Tout le monde veut un nouveau système rapidement, mais personne ne veut commettre les mêmes erreurs », résume M. Fortin, en faisant référence aux discussions du Sommet sur la forêt qui s'est tenu au Saguenay quelques mois plus tôt.

L'une des priorités est d'intégrer les communautés autochtones dès le début du processus, « elles doivent être des partenaires à part entière du nouveau système forestier. Nous ne pouvons pas nous permettre un autre échec », insiste-t-il.

Une critique du modèle de triade

Le projet initial du gouvernement reposait sur le modèle de triade, qui divisait le territoire en trois zones : industrielle (30 %), récréotouristique et de conservation. Pour M. Fortin, cette approche a été "déformée" et mal appliquée : « Nous devons d'abord protéger les écosystèmes les plus fragiles, en collaboration avec les groupes concernés. L'État ne doit pas décider seul. »

Avec l'arrivée du nouveau ministre des Ressources naturelles et des Forêts, monsieur Jean-François Simard, l'opposition exhorte le gouvernement à entamer rapidement un dialogue constructif avec les communautés autochtones. Elle recommande également de ne pas ignorer les consultations menées auprès des autres parties prenantes par madame Maïté Blanchette Vézina, « leurs points de vue peuvent être mis à jour, mais ils n'ont pas besoin d'être oubliés », conclut M. Fortin.

Alors que le secteur forestier attend des orientations claires, le gouvernement est maintenant appelé à faire preuve de sérieux, d'écoute et de transparence pour mettre en place un système forestier qui réponde aux défis économiques, sociaux et environnementaux du Québec.