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Projet Minheekw : Lebel-sur-Quévillon mise sur le biocarburant avec une usine de pyrolyse

Nicolas Fivel
Soutenu par Seneca et Minheekw, il générera une quarantaine d’emplois et contribuera à l’accélération de la transition écologique à la Baie-James.
Publié le 20 octobre 2025 par Nicolas FivelPhoto : Pexels

La Ville de Lebel-sur-Quévillon a présenté, le 30 septembre dernier, un projet industriel majeur pour la Baie-James, baptisé Minheekw. Porté par les entreprises Minheekw et Seneca, ce projet inclut la construction d’une usine de pyrolyse destinée à transformer le bois brûlé lors des feux de forêt de 2023 en un biocarburant. À terme, l’objectif est de valoriser une ressource locale jusqu'ici inutilisée tout en contribuant à l’accélération de la transition écologique à la Baie-James.

Transformer le bois brûlé en énergie propre

Le projet Minheekw repose sur la technologie de pyrolyse, un procédé de décomposition thermique du bois permettant de produire un biocarburant conforme à la norme ASTM D 7544, utilisé notamment comme substitut au diesel.

Selon Dominique Morin, président-directeur général de Seneca, l’entreprise sera chargée d'accompagner le projet sur les plans technologiques et financiers. Il explique que « notre rôle dans Minheekw est un rôle d’intégrateur technique et de soutien dans les différents financements ».

Le montant total de l’investissement, estimé entre 150 et 200 millions de dollars, représente une somme importante illustrant l’ampleur du chantier à venir. Cette variation dépendra des ajustements possibles à la suite de l’étude de faisabilité en cours, avec une marge d’environ ±15 %, d'après M. Morin.

Un projet écologique au fort potentiel économique

Au-delà de son innovation technologique, le projet Minheekw s’inscrit également dans une démarche environnementale. En utilisant du bois brûlé pour créer un biocarburant, l’usine permettra de réduire la dépendance au diesel plus polluant et donc les émissions de gaz à effet de serre (GES) des entreprises locales.

Le maire de Lebel-sur-Quévillon, Guy Lafrenière, se réjouit de cette initiative qu’il qualifie de « bonne nouvelle » pour la région, rappelant que l’objectif est aussi de produire une énergie plus écologique sans alourdir davantage l’empreinte carbone.

« On sort un produit écologique. Évidemment, il ne faut pas faire de gaz à effet de serre à ne plus en finir », souligne-t-il.

En plus de ses bénéfices environnementaux, Minheekw devrait générer une quarantaine d’emplois à long terme, contribuant ainsi au dynamisme économique de la municipalité.

Le calendrier prévoit le début des travaux à l’automne 2026, pour une mise en service de l’usine entre 2028 et 2029. D’ici là, les promoteurs du projet poursuivront les étapes d’approbation réglementaire et de financement, nécessaires à la concrétisation de cette entreprise.

Et après les feux de 2023 ?

Néanmoins, la question de la durabilité de l’approvisionnement en bois a été abordée par le maire Lafrenière. Selon l'élu, les promoteurs ont garanti une disponibilité en matière première pour les vingt prochaines années.

Il évoque notamment d'importants volumes de bois brûlé récupérables pour les décennies à venir, tout en reconnaissant la possibilité de voir apparaître de nouveaux feux de forêt d'ici là.

« La compagnie m’a dit qu’elle allait ramasser du bois brûlé pour au moins 20 ans. Et malheureusement, d’ici 20 ans, il y aura d’autres feux de forêt », a-t-il déclaré avec pragmatisme.

Lorsque les stocks issus des feux de forêt de l’été 2023 seront épuisés, l’usine pourrait alors traiter les résidus forestiers provenant de l’exploitation et de l’entretien des forêts avoisinantes, ce qui assurerait la pérennité du projet.