
Projet Matagami : une anomalie aurifère majeure relance les ambitions minières

La société minière Nuvau Minerals a mis en évidence un potentiel aurifère inédit dans la région : plus de 2 000 grains d’or par 10 kg de sédiments ont été extraits du forage PD23-30S. Un résultat que Bastien Fresia, directeur des services techniques, qualifie de « valeur parmi les plus élevées observées dans la région », et qui ouvre de nouvelles perspectives pour un camp minier historiquement tourné vers le zinc et le cuivre.
Les géologues attribuent cette concentration d’or à des anomalies en till, dépôts laissés par les glaciers ayant raclé la roche il y a plusieurs millénaires. « C’est un peu comme lorsqu’on déneige son jardin, on dépose plus loin la neige et parfois on découvre qu’elle contient de l’or », illustre Bastien Fresia. L’analyse de la morphologie des grains – anguleux lorsqu’ils proviennent de la source, arrondis après un long transport – permet d’estimer la distance parcourue et de remonter vers la zone minéralisée d’origine.
Une exploration hivernale ciblée
La dispersion aurifère détectée autour du forage PD23-30S constitue désormais une priorité. Pour affiner la localisation des cibles, Nuvau Minerals a réalisé un levé magnétique par drone, outil essentiel pour cartographier les structures géologiques invisibles sous la forêt et les marécages.
« La prochaine étape sera de confirmer ces structures par du forage au diamant, afin de vérifier si les observations géophysiques se traduisent en veines aurifères en profondeur », précise M. Fresia.
Vers une diversification minérale
Matagami demeure un camp de métaux de base, avec des dépôts de Sulfures Massifs Volcanogènes (VMS) tels que MacLeod Deep ou Caber, au cœur du plan de redémarrage de l’usine. Mais l’or apparaît désormais comme un axe stratégique complémentaire. « Développer une production aurifère en parallèle nous permettrait de jouer entre cuivre, zinc et or, et d’assurer une flexibilité à long terme », souligne le directeur. Trois zones prioritaires seront explorées cet hiver :
- l’anomalie en till autour de PD23-30S,
- la zone de Bracemac-McLeod, déjà porteuse de veines aurifères,
- le secteur historique de Thundermine, foré dans les années 1980 mais resté sous-exploité.
Alors que l’été limite l’accès aux sites en raison des marécages et des rivières, l’hiver facilite les déplacements. Les sols gelés permettent de créer des chemins temporaires et de stabiliser les équipements sur la glace. « Pour nous, l’hiver est un avantage, il réduit l’impact environnemental et rend accessibles des zones autrement impraticables », explique M. Fresia.
Une stratégie à long terme
Le projet Matagami vise à relancer une usine emblématique du Nord québécois et à assurer une production durable. À court terme, Nuvau Minerals entend sécuriser 10 à 20 ans de vie de mine grâce aux lentilles de zinc et de cuivre. À plus long terme, l’or pourrait devenir un pilier complémentaire. La société prévoit environ trois ans pour franchir l’étape des études de préfaisabilité (PFS) et obtenir les permis environnementaux nécessaires, notamment pour la création d’un nouveau parc à résidus. Des annonces plus détaillées sont attendues en 2026.
La mise en évidence de plus de 2 000 grains d’or dans le forage PD23-30S marque une étape importante pour Matagami. Elle confirme que ce camp minier, longtemps associé aux métaux de base, recèle également un potentiel aurifère majeur. Entre diversification stratégique et contraintes logistiques, Nuvau Minerals entend transformer cette anomalie glaciaire en opportunité industrielle et redonner à Matagami son rôle de moteur économique régional.




