
Les sociétés d’histoire : petits organismes, grands rôles à jouer

À l’occasion de la Semaine du patrimoine de la Baie-James, il peut être intéressant de prendre le temps de parler du rôle que jouent les sociétés d’histoire dans la sauvegarde du patrimoine au Québec.
Les sociétés d’histoire ont une place particulière dans le milieu culturel québécois. Ce sont les premiers maillons d’une longue chaîne d’institutions vouées à la protection du patrimoine ; ce sont généralement vers elles que se tournent les citoyens en quête d’informations sur l’histoire d’une ville ou d’une région en particulier. Les sociétés d’histoire sont donc des acteurs de premier plan dans la conservation et la mise en valeur du patrimoine, et ce depuis de nombreuses années. Au Québec, la première société d’histoire a été fondée en 1824 ; il s’agit de la Literary and Historical Society of Quebec, qui se trouve aujourd’hui au Morrin Center, à Québec. Aujourd’hui, on compte plus de 370 associations et musées au Québec, dont environ 200 sociétés d’histoire.
Mais concrètement, quelle est la mission d’une société d’histoire ? Les mandats peuvent différer d’une société à l’autre ; cependant, il est toujours question de conserver et de mettre en valeur le patrimoine historique de la municipalité ou de la région dans laquelle elle se trouve. Une quarantaine de celles-ci sont également des services d’archives privées agréés par Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Cette certification de qualité soutient les sociétés d’histoire pour acquérir, traiter, conserver et diffuser les archives historiques et le patrimoine documentaire de leur territoire, et ce, dans les meilleures conditions, et selon des normes professionnelles rigoureuses. La Société d’histoire de la Baie-James est d’ailleurs le seul service d’archives privées agréé dans le Nord-du-Québec.
Les sociétés d’histoire sont généralement nées à l’instigation de bénévoles qui décident de s’impliquer pour la conservation de l’histoire et du patrimoine régional. Si la plupart des sociétés d’histoire sont encore gérées par des bénévoles, certaines comptent néanmoins quelques employés salariés. Les bénévoles sont donc des moteurs essentiels dans la préservation du patrimoine. Au niveau régional, citons seulement les rôles essentiels de M. Jean-Robert Gagnon au sein de la regrettée Société d’histoire de Matagami, ou celle de M. Daniel Bellerose au sein de la Société des sites patrimoniaux de Radisson.
Les sociétés d’histoire sont donc des acteurs de premier plan dans la sauvegarde du patrimoine matériel (archives, bâtiments…) et immatériel (mémoire, savoir-faire et traditions…) québécois. Elles jouent également un rôle de promotion de la connaissance historique, grâce aux activités qu’elles organisent, activités généralement ouvertes à tous : conférences, visites guidées, activités anniversaires… Les sociétés d’histoire ne manquent donc pas de projets !
Un enjeu particulièrement important et central pour certaines sociétés d’histoire est l’acquisition de nouvelles archives. En fait, cela est essentiellement le cas pour celles situées dans des régions éloignées, comme la Baie-James.
Et que dire de votre Société d’histoire régionale ? Fondée en 1977 sous le nom Société d’histoire régionale de Chibougamau, l’organisme change de nom en 2022 et devient la Société d’histoire de la Baie-James. Depuis les années 1990, l’organisme se professionnalise. Devenu un centre d’archives, il emploi depuis du personnel spécialisé en archivistique et en histoire. Si les archives récoltées pendant la première quarantaine d’années de son existence concernent principalement Chibougamau et ses alentours, le changement de nom correspond aussi à une volonté de mieux représenter l’ensemble des Jamésiens. L’organisme est animé d’une volonté d’acquérir des archives qui nous permettraient d’avoir un portrait global de la région et de la représenter dans toute son étendue et sa diversité. Il va sans dire que, compte tenu des distances qui séparent les différentes villes et localités de la région, ce processus prend du temps. Nous ne rattraperons pas 40 années de retard en claquant des doigts, et c’est un travail sur le long terme que l’organisme entreprend.
Finalement, un dernier rôle, et non le moindre, d’une société d’histoire est de créer des liens entre les citoyens et leur patrimoine. La majorité des projets des sociétés d’histoire sont montés par des citoyens pour des citoyens ; le lien que l’organisme entretient avec la communauté dans laquelle il se trouve crée un véritable sentiment d’appartenance. C’est souvent ce qui motive les bénévoles à s’impliquer dans la société d’histoire ou à devenir membre, car être membre d’une société d’histoire, c’est déjà participer activement à la sauvegarde de votre patrimoine.
Par Margot Genty, chargée de projet à la Société d’histoire de la Baie-James.