Depuis le 25 septembre 2025, les employés de Postes Canada, membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), sont engagés dans un mouvement de grève d’ampleur nationale. La grève générale s’est transformée en grève rotative, le 12 octobre, permettant une reprise ralentie et ordonnée des livraisons de courrier et de colis.

Une réaction directe à une réforme jugée dangereuse

Selon Yannick Scott, directeur national du STTP pour la région du Montréal métropolitain, la grève vise à protester contre la réforme fédérale de Postes Canada, présentée quelques heures avant le déclenchement du mouvement. Selon le syndicat, cette réforme ouvrirait la porte à la fermeture de plusieurs bureaux de poste en régions éloignées, dont certains dans le Nord-du-Québec.

« On voit ça comme un sabordage de Postes Canada, donc nous avons déclenché la grève pour montrer notre désaccord face à ce qui est proposé par le ministre [de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement, Joël Lightbound] », explique M. Scott.

Pour le syndicat, cette transformation profonde de Postes Canada mettrait en péril l’accès aux services postaux pour des milliers de citoyens, notamment dans les communautés isolées de la Baie-James, où la distribution dépend encore largement de bureaux physiques.

Un service public menacé dans les régions éloignées

Les membres du STTP estiment que les mesures envisagées par Ottawa risquent de plonger la société d’État dans un cycle infernal : moins de services, moins d’usagers, donc encore plus de coupures.

« On coupe des services. Plus les services vont être coupés, moins de gens vont les utiliser, ce qui va inciter encore plus de coupures : on entre dans un cercle vicieux », déplore le directeur national.

Dans plusieurs municipalités nordiques, la fermeture des bureaux de poste locaux forcerait les citoyens à parcourir de longues distances pour accéder à leurs services postaux. Une situation que le syndicat juge inacceptable, car elle renforcerait la fracture territoriale entre les grands centres et les petites communautés.

Le STTP souhaite réinventer le service postal

Face à cette réforme jugée dangereuse pour les usagers, le STTP avance une vision alternative : plutôt que de réduire la portée du service, il souhaite le bonifier. Le syndicat propose notamment de s’inspirer de modèles étrangers comme l’Italie, la France, le Japon, où les bureaux de poste publics ont diversifié leurs activités — en intégrant, par exemple, des services bancaires, communautaires ou numériques.

Cette grève, la plus importante depuis celle de l’automne 2024, s’inscrit dans une stratégie d’action à plus long terme. En optant pour des grèves rotatives, le syndicat espère limiter les effets sur les petites communautés, tout en maintenant la pression sur le gouvernement pour qu’il revoie sa vision de Postes Canada.

« Ça fait partie de notre stratégie de relâcher la pression sur les petites communautés, mais en maintenant nos grèves rotatives pour mettre la pression sur le gouvernement », conclut M. Scott.