
Fin des agences privées : quel avenir pour les soins dans le Nord-du-Québec ?

La récente décision du gouvernement québécois de mettre fin au recours aux agences privées de placement dans le secteur de la santé marque un tournant pour le réseau de soins, en particulier dans les régions éloignées comme le Nord-du-Québec. Alors que cette mesure vise à stabiliser les équipes de soins et à réduire les coûts, elle soulève de nombreux défis, notamment en matière de recrutement et de maintien des services.
Une adaptation nécessaire dans un contexte difficile
Jennifer Cormier, directrice des ressources humaines au Centre régional de santé et de services sociaux de la Baie-James (CRSSSBJ), souligne l’importance de l’optimisation des ressources internes face aux difficultés croissantes de recrutement et d’attraction de la main-d’œuvre dans la région. « Chacun des départements a déjà une organisation du travail qui fonctionne, mais nous devons réfléchir à comment utiliser au maximum les talents présents tout en poursuivant nos efforts de recrutement à l’extérieur », explique-t-elle.
Le principal défi réside dans le nombre élevé de postes vacants à combler. Une répartition stratégique des talents est essentielle pour garantir aux habitants du Nord-du-Québec un accès aux soins de qualité qu’ils méritent.
Une revendication syndicale enfin concrétisée
Pendant plus de deux décennies, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a dénoncé l’impact négatif des agences privées sur le réseau de la santé. Accusées de fragiliser les équipes de soins et de détourner d’importantes ressources financières, ces agences ont finalement été bannies grâce à l’initiative du ministre de la santé monsieur, Christian Dubé. Cependant, la FIQ met en garde contre un retrait précipité qui pourrait déstabiliser le réseau. Sa présidente, Julie Bouchard, alerte : « Sans mesures d’accompagnement solides, ce retrait risque de mettre le réseau en difficulté. Malheureusement, le temps nous donne raison ».
Malgré l’intégration de 4 100 soignantes issues des agences dans le réseau public, le gouvernement a revu à la baisse les besoins en personnel, réduisant les embauches de 20 %. Une décision qui complique davantage la transition. Jennifer Cormier précise que les efforts de recrutement se poursuivent activement à la Baie-James : « Nous participons à des salons virtuels et rencontrons les finissants pour promouvoir les emplois syndiqués et les avantages régionaux afin d’attirer de nouveaux talents ».
Maintenir la qualité et la sécurité des soins
L’enjeu principal reste la continuité des soins. Madame Cormier assure que la sécurité des patients et la qualité des services sont des priorités ancrées depuis longtemps. « Chacune des décisions prises vise à garantir ces aspects essentiels », affirme-t-elle. Alors que les effets concrets de cette réforme restent à observer, les établissements de santé du Nord-du-Québec s’adaptent pour relever ce défi inédit.