
Aide financière pour favoriser la sécurité alimentaire des communautés nordiques

Dans les régions nordiques du Québec, où les conditions climatiques extrêmes, l’isolement géographique et les réalités culturelles rendent l’accès à une alimentation saine particulièrement complexe, la Société du Plan Nord (SPN) poursuit depuis 2017 un ambitieux programme d’aide financière. À mi-parcours de son plan d’action 2023–2028, l’organisme dresse un bilan encourageant, marqué par des initiatives locales innovantes et une mobilisation croissante des communautés.
Le Programme de sécurité alimentaire nordique, déployé par la Société du Plan Nord, a déjà soutenu près de 50 % des communautés situées au nord du 49e parallèle. Ces aides ont permis la mise en œuvre de projets variés, allant de jardins communautaires à des infrastructures agricoles hydroponiques, « le programme vise à stimuler l’intérêt des communautés pour le développement d’infrastructures durables, adaptées à leurs réalités », explique Julie Simone Hébert, directrice des relations territoriales, des programmes et de l’expertise à la Société du Plan Nord.
Des projets enracinés dans les cultures locales
Parmi les projets emblématiques, la communauté d’Inukjuak, au Nunavik, a inauguré un centre alimentaire multifonctionnel comprenant une cuisine communautaire, une salle polyvalente, une serre et un conteneur hydroponique, permettant la culture de fruits et légumes toute l’année, malgré les rigueurs du climat.
À Radisson, le projet de serre des Jardins du 53e Taïga a démontré son utilité lors des feux de forêt, en assurant l’approvisionnement alimentaire des citoyens et des organismes publics, dont Hydro-Québec. Ces infrastructures, bien que modestes, jouent un rôle stratégique dans la résilience des communautés.
Dans les territoires cris, plusieurs initiatives ont vu le jour, notamment à Chisasibi, où des serres communautaires permettent la culture en bac, ces derniers favorisent une production familiale, tout en valorisant les savoirs traditionnels et en sensibilisant les jeunes aux enjeux environnementaux.
Une approche inclusive et équitable
Le programme repose sur des critères d’admissibilité uniformes, qu’il s’agisse de communautés autochtones ou non. Les projets doivent être réalisés au nord du 49e parallèle ou bénéficier à des entités implantées sur ce territoire. Les clientèles admissibles incluent notamment :
- les organismes à but non lucratif (OBNL) incorporés, véritables piliers de l’action communautaire. À leurs côtés, les coopératives dont les activités s’apparentent à celles des OBNL peuvent également soumettre des projets porteurs.
- Les communautés autochtones ne sont pas en reste, tout comme les structures propres au Nord québécois, telles que les villages nordiques, leurs corporations et les corporations foncières inuites. Le programme reconnaît aussi le rôle essentiel des municipalités, des MRC et des organismes du domaine municipal dans l’aménagement du territoire.
- Enfin, les grandes administrations régionales : Baie-James et Kativik, le Gouvernement de la nation crie et le Gouvernement régional d’Eeyou Istchee Baie-James, ainsi que les mutuelles à vocation sociale.
L’aide financière peut atteindre jusqu’à 275 000 $ pour les projets de production alimentaire, et 100 000 $ pour ceux liés à la conservation ou à la transformation des aliments. Les promoteurs doivent contribuer à hauteur de 10 % des coûts admissibles, le reste pouvant être couvert par des fonds gouvernementaux. « L’idée, c’est que la clé de la durabilité se trouve entre les mains des habitants des communautés nordiques », souligne Mme Hébert. Les projets doivent répondre à 15 critères de développement durable, intégrant les dimensions économiques, sociales et environnementales.
Par ailleurs, une évaluation de la portée des projets sera lancée en 2025 pour mesurer leur impact réel sur la sécurité alimentaire. Bien que certains projets nécessitent plusieurs années pour atteindre leur maturité, les premiers résultats sont prometteurs : certaines initiatives soutiennent déjà plus d’une centaine de familles en fruits et légumes.
La Société du Plan Nord collabore étroitement avec des partenaires ministériels, dont le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, pour assurer la pérennité des projets et l’évolution des programmes. « Nous avons réussi à stimuler l’intérêt des communautés et à leur faire comprendre que des options existent pour améliorer leur sécurité alimentaire », conclut Julie Simone Hébert.