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Santé et scolarité des jeunes du Nord-du-Québec : des avancées et des enjeux persistants

Hind Dekkar
Des jeunes étudiants
Publié le 13 juin 2025 par Hind DekkarPhoto : Pexels


L’enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire, menée tous les six ans depuis 2010, offre une analyse détaillée du bien-être des élèves du Nord-du-Québec. Elle permet d’évaluer des facteurs clés liés à la santé, à la scolarité ainsi qu’aux comportements à risque et aux éléments de protection.

Des progrès encourageants

Parmi les points positifs relevés dans cette étude, on note une forte participation des jeunes, avec 625 élèves répondants, soit près de 87 % des jeunes de la région. « C’est une étude vraiment robuste parce que beaucoup de nos jeunes ont accepté d’y répondre », souligne le Dr Éric Goyer, directeur de santé publique du Nord-du-Québec.

Docteur Éric Goyer, directeur de santé publique Nord-du-Québec Photo : Santé publique Nord-du-QuébecDocteur Éric Goyer, directeur de santé publique Nord-du-Québec

L’un des constats les plus encourageants concerne le décrochage scolaire, historiquement préoccupant dans le Nord-du-Québec. Si la région reste marquée par un taux élevé de décrochage, une amélioration notable est observée ces dernières années. Autre point positif, les jeunes de la région sont plus actifs physiquement que la moyenne québécoise. « Nos jeunes sont actifs et ont une meilleure alimentation, moins de malbouffe, moins de boissons sucrées », note le Dr Goyer. Ces habitudes de vie plus saines pourraient avoir des effets bénéfiques à long terme.

Une détérioration alarmante de la santé mentale

Toutefois, l’étude met en évidence un revers préoccupant : la santé mentale des élèves s’est fortement détériorée ces six dernières années. La proportion d’élèves déclarant une santé mentale florissante est passée de 46 % en 2016-2017 à 34 % en 2022-2023. « C'est au niveau de la santé mentale de nos jeunes que c'est particulièrement préoccupant », avertit le Dr Goyer.

La détresse psychologique et l’anxiété touchent désormais près d’un quart des élèves (26 %), soit une proportion plus élevée que la moyenne québécoise. L’enquête observe également une hausse du vapotage, de la consommation de tabac et d’alcool. « Les jeunes vont de plus en plus vers le vapotage, ça nous préoccupe », insiste le Dr Goyer. Par ailleurs, le temps passé devant les écrans a explosé, avec 25 % des jeunes passant plus de quatre heures par jour devant un écran en semaine, une tendance qui pourrait aggraver les troubles psychologiques. Le manque de sommeil est aussi préoccupant : « La moitié de nos jeunes ne dorment pas huit heures par jour », précise le Dr Goyer.

Malgré la diminution de l’indice de décrochage scolaire (passé de 29 % à 24 %), le désengagement des élèves vis-à-vis de leur scolarité s’aggrave. Le sentiment d’appartenance à l’école a chuté de 64 % à 41 %, tandis que le soutien social scolaire est passé de 44 % à 31 %. « Si vous travaillez trop, ça interfère avec vos études et vous pouvez augmenter le risque de décrochage », met en garde le Dr Goyer.

Certains facteurs augmentent le risque de décrochage, notamment être un garçon, être au deuxième cycle du secondaire ou encore avoir un faible soutien familial. Ces tendances montrent l’importance de renforcer les ressources d’accompagnement scolaire.

Des pistes d’action face aux défis

Le Dr Goyer mentionne plusieurs causes possibles à ces résultats alarmants, notamment les effets de la pandémie, le temps d’écran accru, et les pressions sociales liées aux réseaux sociaux. « La pandémie a amené des impacts collatéraux, notamment avec les mesures sanitaires », rappelle-t-il.

Pour améliorer la situation, plusieurs initiatives sont mises en place en collaboration avec les réseaux scolaires, municipaux et communautaires. Parmi elles, l’approche "École en santé", qui vise à renforcer les compétences personnelles des jeunes et leur estime de soi. « On essaie d’aider les jeunes à développer leurs compétences et de faire des milieux de vie bienveillants et sains », explique le Dr Goyer.

Les résultats de cette enquête montrent des progrès encourageants en matière de scolarité et de condition physique, mais soulignent des défis urgents à relever concernant la santé mentale et l’engagement scolaire. Face à cette détérioration, il devient primordial de renforcer le soutien psychologique et éducatif pour aider les jeunes à surmonter leurs difficultés. Pour ceux en situation de détresse, Info-Social (811), le Centre Régionale de Santé et de Services Sociaux de la Baie-James et les ressources locales restent des références précieuses.