
Le regard des Cris sur les richesses économiques de la Baie-James

Une région aux ressources stratégiques
Le Nord-du-Québec est une région stratégique pour l’économie provinciale en raison de son abondance en ressources naturelles, notamment minières, forestières et énergétiques. Ces secteurs participent activement à l’essor économique du Québec, mais les municipalités nordiques, comme Matagami, Lebel-sur-Quévillon, Chibougamau et Chapais, réclament une meilleure reconnaissance de leur contribution et une redistribution plus équitable des retombées.
Dans cette dynamique, les communautés cries jouent également un rôle crucial. Grâce à des ententes et partenariats conclus au fil des décennies, elles ont su renforcer leur autonomie tout en s’impliquant dans la gestion et l’exploitation des ressources naturelles. Pour mieux comprendre leur vision économique, L’Aurore Info s’est entretenue avec Mark Wadden, député chef de la nation crie de Chisasibi, et Irene Neeposh, cheffe de la communauté crie de Waswanipi.
Un essor minier porteur d'opportunités
Le secteur minier est l’un des piliers économiques de la région. Depuis les années 1940, l’exploitation de l’or, du cuivre, du zinc, de l’argent et du nickel a structuré l’activité économique autour de Mistissini, Nemaska et Chisasibi. Aujourd’hui, c’est le lithium qui attire les investisseurs.
Nous voyons beaucoup d’investissements pour l’exploration minière, notamment du lithium qui est très demandé en ce moment. – Mark Wadden
L’intérêt pour ce minerai stratégique, utilisé dans nos téléphones cellulaires et voitures électriques, a fait bondir les investissements. Selon Mining Watch Canada, les titres d’exploration ont augmenté de 40 % entre 2020 et 2022.
Des entreprises comme Nemaska Lithium, qui exploite l’importante mine Whabouchi, ou Patriot Battery Metals, dont le projet s’étend sur 24 000 hectares en Baie-James, participent à cette croissance.
Malgré ces opportunités, Chisasibi manque de main-d’œuvre qualifiée. En raison de sa population très jeune, le député encourage ses membres à s’investir dans ces projets.
D’autres financements proviennent d’investissements pour la création d’infrastructures dans notre communauté. – Mark Wadden
L’industrie forestière et l'entrepreneuriat local
L’exploitation forestière est un autre moteur économique pour les Cris, bien qu’elle soit moins rentable que l’industrie minière. Les incendies de l’été 2023 ont durement touché cette activité.
Les feux de forêt en 2023 ont fortement impacté notre industrie forestière, qui est une ressource essentielle chez les Cris. – Mark Wadden
Malgré ces difficultés, la communauté crie cherche à réduire sa dépendance aux entreprises extérieures et à accroître son implication dans le secteur.
Nous essayons de prendre une part active au système économique pour s’assurer une indépendance financière. – Irene Neeposh
Des ententes historiques comme piliers économiques
Outre les industries, les Cris bénéficient d’accords historiques qui ont structuré leur développement. La Convention de la Baie James et du Nord québécois (CBJNQ), signée en 1975, a permis une indemnisation de 225 millions de dollars.
Les principales ressources financières proviennent de la Convention de la Baie James et du Nord québécois (CBJNQ). – Mark Wadden
Cette entente a été complétée par La Paix des Braves en 2002, qui a renforcé l’implication des Cris dans l’économie régionale et introduit de nouvelles indemnisations.
Il y a une collaboration avec le gouvernement du Québec pour améliorer le développement économique et subvenir aux besoins des services dans nos communautés. – Irene Neeposh
Vers un avenir plus autonome
L’économie du Nord-du-Québec repose sur une gestion équilibrée des ressources naturelles. Pour les Cris, l’exploitation de ces richesses doit s’inscrire dans un cadre de développement durable et une volonté d'autonomie.
Ces communautés d’Eeyou Istchee cherchent à accroître leur participation aux industries minières et forestières tout en favorisant l’autosuffisance économique.
L’avenir de la Baie-James repose sur une meilleure reconnaissance du rôle des Cris et une gestion concertée du territoire avec les différents acteurs régionaux et gouvernementaux.