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Coupes budgétaires au CRSSS de la Baie-James : un syndicat dénonce des conséquences alarmantes

Hind Dekkar
Centre Régional de Santé et de Services Sociaux de la Baie-James
Publié le 27 mai 2025 par Hind DekkarCentre Régional de Santé et de Services Sociaux de la Baie-James, centre de Sainte Isle-Dieu à Matagami / Photo : Hind Dekkar

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs du Centre régional de santé et de services sociaux de la Baie-James (STT CRSSSBJ–CSN) tire la sonnette d’alarme face aux mesures d’austérité imposées dans le cadre du plan de redressement budgétaire de l’établissement. Soutenu par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et le Conseil central de l'Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec (CCATNQ–CSN), le syndicat dénonce une situation qui, selon lui, compromet la qualité des soins et fragilise la rétention du personnel.

Des réductions budgétaires inquiétantes

Selon Félix-Antoine Lafleur, président du CCATNQ-CSN, la baisse du budget alloué à la formation continue des professionnels de santé a des répercussions directes sur la qualité des services offerts à la population. «Si une physiothérapeute ne peut se former aux nouvelles techniques, la qualité des soins en pâtit», affirme-t-il. Il déplore également une logique de compression budgétaire imposée sans réelle prise en compte de l’impact sur le terrain. Ces restrictions surviennent moins d’un an après la signature de la convention collective du secteur public, le 7 juin 2024, fruit de longues négociations. Une situation que Lyne Massicotte, vice-présidente régionale de la FSSS–CSN, qualifie de «manque total de respect» pour le personnel et le processus de négociation.

Des impacts sur le personnel et les soins

Depuis plusieurs semaines, le CRSSSBJ ne couvre plus les frais de déplacement, d’hébergement et de repas des salarié-es qui doivent se former à l’extérieur de la région. Les demandes de formation impliquant des coûts sont systématiquement refusées. «Sans formation continue, les clientèles vulnérables, comme les enfants atteints de troubles du développement ou les aîné-es souffrant de troubles complexes, sont directement affectées», alerte Isabelle Marcil, présidente du STT CRSSSBJ–CSN.

Le syndicat craint également un exode du personnel qualifié. «Si les conditions ne sont pas améliorées, les départs risquent de s’intensifier, mettant en péril le climat de soins et, à terme, la rétention de la population elle-même», prévient Félix-Antoine Lafleur.

Une attractivité en péril

En plus des restrictions budgétaires, le syndicat s’inquiète du manque de mesures favorisant la rétention du personnel. «Attirer, c'est déjà difficile, mais avant d'attirer, je pense que c'est important de retenir les gens que nous avons en place. Il faut prendre soin d’eux», souligne Isabelle Marcil. Elle déplore notamment le refus systématique de l’employeur d’aménager les horaires pour favoriser une meilleure conciliation travail-famille. «Nos travailleurs demandent parfois des ajustements, mais on leur répond systématiquement non. Résultat : certains tombent en maladie ou décident de partir.»

Un dialogue détérioré

Outre les compressions budgétaires, le CRSSSBJ refuse de rendre public son plan de redressement, ce qui inquiète les syndicats. «On nous impose des coupes à l’aveugle, sans dialogue ni explication», dénonce Lafleur. Par ailleurs, la mise en place d’un modèle de gestion centralisé par Santé Québec complique l’attraction et la rétention de la main-d’œuvre, entraînant une hausse des départs en assurance-salaire et une détérioration du climat de travail.

Face à cette situation, le STT CRSSSBJ–CSN réclame la transparence sur le plan de redressement ainsi que des conditions permettant une formation continue adéquate du personnel. «Nous voulons un dialogue respectueux et constructif, à la hauteur des besoins de la population de la Baie-James», insiste Isabelle Marcil. Alors que les syndicats appellent à un changement de cap, ils espèrent que le gouvernement prendra conscience des enjeux et agira en conséquence pour garantir des soins de qualité dans la région.