Logo Aurore

Vers une reprise du dialogue avec les Premières Nations ? Le gouvernement québécois amorce un virage collaboratif sur la gouvernance forestière

Hind Dekkar
Rencontre de la ministre avec les communautés autochtones
Publié le 25 août 2025 par Hind DekkarMaïté Banchette Vézina, ministre des Ressources naturelles et des Forêts et Ian Lafrenière, ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit en rencontre avec l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL-AFNQL), le 20 août 2025 / Photo : Page Facebook de la ministre Maïté Blanchette Vézina


Contexte et enjeux

Une rencontre de six heures s’est tenue le mardi 19 août 2025, entre la ministre des Ressources naturelles et des forêts, madame Maïté Blanchette Vézina, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuites monsieur Ian Lafrenière, le Conseil de la Nation Atikamekw, les trois communautés concernées ainsi que des représentants de l’industrie forestière. Cette réunion, qualifiée de « cruciale » par les participants, visait à renouer le dialogue entre les autorités gouvernementales et les peuples autochtones dans un contexte marqué par des discussions récurrentes sur les enjeux liés à l’exploitation forestière.

Depuis trois ans, des épisodes de blocus et de contestation ont mis en lumière les fractures persistantes entre les communautés autochtones et les acteurs de la filière forestière. « Toutes les parties conviennent de la nécessité d’éviter une escalade et appellent au calme », a déclaré Mme Maïté Blanchette Vézina, soulignant la nécessité de relancer les discussions autour d’une entente de gouvernance territoriale.

L’un des résultats majeurs de cette rencontre est le lancement d’un projet pilote visant à structurer un plan conjoint d’aménagement forestier. Ce plan sera élaboré en consultation directe avec les familles, les chefs de territoire et les membres des communautés. Le gouvernement s’est engagé à soutenir cette initiative. « Les communautés souhaitent bénéficier d’un accompagnement et d’outils pour mener les consultations, en privilégiant une démarche initiée par les partenaires locaux », a précisé Mme Vézina. L’objectif est de garantir une meilleure écoute des enjeux locaux.

Lors d’une autre rencontre tenue le 20 août 2025, celle-ci avec l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL-AFNQL), le gouvernement a réaffirmé son intention de modifier le projet de loi 97, visant à moderniser le régime forestier, afin d’y intégrer les droits fondamentaux des Premières Nations. La ministre a souligné que « le régime actuel fait consensus quant à la nécessité d’une révision. »

Parmi les éléments déjà clarifiés figure la volonté de protéger 30 % du territoire forestier et d’adapter les pratiques aux réalités climatiques. Cette réforme vise à instaurer une gestion collaborative du territoire, fondée sur une politique nationale de consultation, encore absente dans la législation actuelle.

L’inspiration venue de la Baie-James

Le modèle de gouvernance en vigueur dans la Baie-James s’est imposé comme un exemple pour le gouvernement, « ce qui se passe en territoire cri, est très inspirant », a affirmé la ministre, en référence à l’entente de la Paix des Braves qui encadre la gestion forestière dans cette région. Les pratiques collaboratives mises en œuvre avec les Cris pourraient servir de modèle pour les autres communautés autochtones. Le partage des retombées économiques et la co-décision sur les usages du territoire sont au cœur de cette approche.

Enfin, le gouvernement prévoit la mise en place d’un cadre national visant à structurer les interactions entre l’État, les communautés et l’industrie, « c’est le flou ambiant qui, parfois, génère des tensions entre les parties », a reconnu la ministre. Ce dernier devrait permettre de prévenir les conflits en clarifiant les modalités de dialogue et en assurant une équité dans les processus décisionnels.

Avec des enjeux persistants liés à l’exploitation forestière et à la reconnaissance des droits autochtones, il apparaît essentiel de reprendre un dialogue organisé et continu avec les communautés concernées. La co-construction de solutions durables, l’intégration des perspectives autochtones dans les processus décisionnels, ainsi que l’exploration de modèles de gouvernance adaptés, tels que celui de la Baie-James, constituent des pistes concrètes pour renforcer la collaboration. Aussi, un suivi rigoureux des engagements pris et une meilleure coordination entre les acteurs impliqués sont nécessaires pour assurer une prévisibilité accrue et une gestion équitable des ressources forestières.