Dans un contexte économique marqué par des perturbations globales, la municipalité de Chibougamau tire la sonnette d’alarme. Une grave pénurie de main-d’œuvre menace non seulement le développement économique de la région, mais également le maintien des services de proximité essentiels pour ses habitants. La Ville a exprimé son soutien aux revendications de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), appelant le gouvernement fédéral à agir rapidement afin d’apporter des solutions efficaces et durables à cette crise.

Si la situation est préoccupante dans cette municipalité, elle affecte aussi plusieurs autres localités de la région. « Si vous parlez au président de la localité de Radisson, au maire de Matagami, au maire de Lebel-sur-Quévillon, au maire de Chapais, tout le monde vous dira qu’on manque d’humains pour maintenir nos services de proximité et également le développement de nos entreprises », explique la mairesse de Chibougamau, Mme Manon Cyr.

Chantiers Chibougamau et Nordic Kraft, deux grandes entreprises locales, sont particulièrement touchées. La limitation du recours aux travailleurs étrangers temporaires, aujourd’hui fixée à 10 %, complique le recrutement et freine la croissance. « Il faut comprendre que ces dernières années, Chantiers Chibougamau a employé beaucoup de travailleurs étrangers temporaires. Or, la limite imposée peut avoir un impact direct sur l’embauche », précise Mme Cyr.

Alors que la région s’efforce d’attirer et de retenir des travailleurs, elle se heurte à des contraintes administratives et réglementaires qui rendent l’embauche difficile. Avec les élections fédérales en cours, la Ville espère sensibiliser les candidats à cette problématique pour qu’ils prennent des engagements concrets visant à alléger les restrictions et à encourager l’immigration de main-d’œuvre qualifiée.

Des mesures insuffisantes pour répondre aux besoins du territoire

Afin de pallier cette crise, le gouvernement du Québec a récemment autorisé l’embauche de 2 000 travailleurs étrangers temporaires dans le secteur manufacturier régional. Si cette initiative est perçue comme un pas dans la bonne direction, elle demeure insuffisante. « À Chibougamau comme en Jamésie, nos grandes entreprises, nos commerces de détail et nos institutions ont besoin de personnel pour poursuivre leur croissance et garantir la pérennité des services de proximité », déclare Mme Cyr, insistant sur l’urgence de la situation.

La région fait également face à des défis liés à la concurrence internationale et aux tensions commerciales, notamment avec les États-Unis. Malgré cela, les entreprises locales continuent d’investir, mais elles ont impérativement besoin de travailleurs pour maintenir leurs opérations.

Les revendications de Chibougamau et de l’UMQ

Pour répondre efficacement à cette problématique, la Ville de Chibougamau appuie les propositions de l’UMQ et demande aux partis fédéraux d’intervenir sur plusieurs aspects :

• Adapter les politiques d’immigration aux réalités locales et régionales : Les décisions fédérales doivent prendre en compte le salaire médian, le taux de chômage et les besoins spécifiques de certaines municipalités.
• Revoir le plafond d’embauche pour les postes à bas salaire : Actuellement fixé à 10 %, ce plafond est jugé trop restrictif et empêche les employeurs d’avoir accès aux travailleurs dont ils ont besoin.
• Allonger la durée des permis de travail : Un minimum de deux ans est nécessaire afin de garantir une stabilité accrue aux travailleurs et aux entreprises qui les embauchent.

« Avec l’immigration, nous avons connu un certains succès. Cependant, la rétention des travailleurs demeure un enjeu majeur », souligne Mme Cyr.

Un enjeu vital pour l’avenir de la région

Au-delà des considérations économiques, cette crise menace directement la qualité de vie des habitants. « Aujourd’hui, nous avons plus de 100 Philippins qui travaillent à Chantiers Chibougamau. Si cette main-d’œuvre qualifiée n’était pas là, nous aurions un problème d’opération de l’usine », explique Mme Cyr.

Le même constat est observé dans plusieurs autres municipalités, où les travailleurs immigrants jouent un rôle crucial dans le fonctionnement des entreprises et des services publics. Pour la mairesse de Chibougamau, il est impératif que les candidats fédéraux tiennent compte des réalités spécifiques des régions éloignées avant de fixer des restrictions sur l’immigration et les plafonds d’embauche.